C’est une victoire historique – quoique pas encore officielle. Pour la première fois, le Honduras sera dirigé par une femme, Xiomara Castro, la candidate du Parti liberté et refondation (Libre, gauche), qui a obtenu la majorité à l’élection présidentielle du 28 novembre.
Son rival de droite, Nasry Asfura, le candidat du Parti national (PN) au pouvoir depuis douze ans, a reconnu sa défaite, mardi 30 novembre, dans la soirée, saluant le « triomphe » de Mme Castro, alors même que le Conseil national électoral n’avait toujours pas donné de résultats définitifs. Jeudi matin, tout juste 60 % des bulletins avaient été dépouillés. Cette reconnaissance, actée par une visite de M. Asfura au domicile de la candidate, était l’événement qu’attendaient les Honduriens depuis quarante-huit heures, suspendus au décompte du scrutin qui n’en finit pas.
La campagne avait été marquée par la violence et les assassinats politiques – près de trente en dix mois de campagne –, et la population craignait, comme cela s’était produit en 2017, lors de la réélection du président Juan Orlando Hernandez (« JOH »), un retournement des résultats de dernière minute. C’est dire si la reconnaissance de sa défaite par M. Asfura était attendue. Dans la foulée, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a salué mardi une élection « libre et juste ».
Xiomara Castro a récolté près de 52 % des voix, contre 35 % pour M. Asfura, et 9 % pour le troisième en lice, Yani Rosenthal, du Parti libéral (PL), selon les résultats partiels. Un triomphe d’autant plus inédit qu’il rompt avec cent ans de bipartisme entre le PN et le PL, et que la participation a été la plus élevée de l’histoire récente du pays (69 %).
« Une lumière pour tout le pays »
« Douze ans de résistance de ce peuple n’ont pas été en vain ! », avait clamé, dimanche soir, Xiomara Castro, tandis que des milliers de personnes, sans attendre les résultats, sortaient dans les rues au cri de « JOH, tu t’en vas ! ». Le chef de l’Etat quitte le pouvoir avec un taux de popularité en chute libre, après deux mandats marqués par les accusations de liens avec le trafic de drogue – la justice américaine a été jusqu’à qualifier le Honduras de « narco-Etat ».
« Le triomphe de Mme Castro est celui d’une alliance qui a voulu évincer du pouvoir la structure criminelle qui a gouverné pendant si longtemps, se réjouit Joaquin Mejia, avocat et chercheur de l’Equipe de réflexion, de recherche et de communication, une ONG. C’est une espérance, une lumière pour tout le pays après des années noires. »