Une commission d’enquête du Sénat brésilien (CPI) a demandé l’inculpation du président Jair Bolsonaro pour au moins dix crimes « intentionnels », dont celui de « crime contre l’humanité », pour sa politique durant la crise sanitaire, selon le rapport publié mercredi 20 octobre par plusieurs médias avant sa lecture. Jair Bolsonaro devrait néanmoins échapper à une procédure de destitution.
À l’issue de six mois d’investigation, d’auditions et de révélations parfois explosives, la CPI a réclamé l’inculpation d’une soixantaine de personnes, dont plusieurs ministres ou ex-ministres et les trois fils aînés du président Bolsonaro, qui est aussi incriminé pour « prévarication » et « charlatanisme ».
Le document de 1 180 pages, présenté ce mercredi par le rapporteur de la commission d’enquête, Renan Calheiros, est le résultat de journées d’auditions de hauts fonctionnaires, de dirigeants d’hôpitaux ou encore de proches de victimes du Covid-19. « Le gouvernement fédéral, qui avait le devoir d’agir, a laissé mourir des brésiliens et brésiliennes », estime le rapporteur de la commission d’enquête.
Ce lundi, les familles des victimes étaient entendues, rapporte notre correspondante à Rio, Sarah Cozzolino. « Nous ne sommes pas en train de nous lamenter ou de nous indigner du cycle naturel de la vie. Nous savons que les personnes naissent et meurent. Mais là, nous parlons de ceux qui devraient encore être parmi nous si les choix de ce gouvernement avaient été différents », dit une femme.
Selon ce rapport, le gouvernement Bolsonaro a délibérément décidé de ne pas prendre les mesures nécessaires pour contenir le virus. Il est épinglé pour sa responsabilité supposée dans les graves pénuries d’oxygène et pour des soupçons de corruption dans l’acquisition de vaccins.