Le Sénat du Chili a voté, mardi 16 novembre, contre la destitution du président Sebastian Piñera, soupçonné de conflit d’intérêt dans la vente d’une compagnie minière en 2010. L’affaire avait été révélée par les « Pandora Papers ».
Ce vote met un terme à la procédure de destitution qui avait été approuvée la semaine dernière par la Chambre des députés, dominée par l’opposition. Au Sénat, où l’opposition est également majoritaire, une majorité des deux tiers, soit 29 voix, était nécessaire. Or seuls 24 sénateurs ont voté pour la destitution, 18 contre et un s’est abstenu.
Il ne peut pas postuler à sa propre succession
Le chef d’Etat était mis en cause dans la vente de la compagnie minière Dominga par la famille Piñera, en décembre 2010, transaction réalisée en partie via les îles Vierges britanniques. Le paiement en trois volets était conditionné au fait que l’endroit où le projet portuaire et minier devait être développé ne soit ni déclaré « zone de protection environnementale », ni transformé en réserve nationale. Une restriction dépendant alors directement du gouvernement de Sebastian Piñera, qui effectuait un premier mandat (2010-2014), avant de revenir au pouvoir en 2018.
Ce vote survient à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle prévue le 21 novembre, pour laquelle M. Piñera ne peut être candidat à sa réélection. Son mandat est cependant encore loin d’être terminé, avec un probable second tour le 19 décembre et une transmission de pouvoir le 11 mars 2022.
Les « Pandora Papers », c’est quoi ?
« Pandora Papers » est une enquête collaborative menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) en partenariat avec 150 médias internationaux, dont Le Monde. Elle repose sur la fuite de près de 12 millions de documents confidentiels, transmis par une source anonyme à l’ICIJ, provenant des archives de quatorze cabinets spécialisés dans la création de sociétés offshore dans les paradis fiscaux (îles Vierges britanniques, Dubaï, Singapour, Panama, les Seychelles…).
Cinq ans après les « Panama Papers », l’enquête révèle l’ampleur des dérives de l’industrie offshore et de ses sociétés anonymes. Elle montre comment ce système profite à des centaines de responsables politiques, et comment de nouveaux paradis fiscaux prennent le relais à mesure que les anciens se convertissent à la transparence.